ALBERIC DE HUMBERT

Les différents grades du RER ne sont pas dissociables les uns des autres car leur interprétation, telle qu’elle est successivement développée dans les textes d’instruction du régime, se dévoile et s’enrichit progressivement à mesure que l’on s’y élève depuis le sommet jusque vers les grades inférieurs. Ainsi, au grade de Maître Ecossais de Saint André on reprend sur des bases renouvelées l’examen des trois premiers grades. Cette pédagogie descendante est une des caractéristiques du RER.

 

En outre, par rapport à d’autres Rites, il existe pour chaque grade du RER, outre une Instruction par demandes et réponses qui reprend la forme classique des catéchismes maçonniques rappelant sans explication approfondie les principaux symboles du grade, une Instruction morale qui fournit de nombreuses pistes pour une interprétation morale et spirituelle de l’ensemble des circonstances de la cérémonie de réception et de l’agencement symbolique de la loge au grade considéré.

 

Mais, dès l’origine, plusieurs éléments originaux avaient été introduits :

 

• les tableaux emblématiques des grades et leur devise dès 1775 époque des premiers rituels de la SOT ;

• la suppression des châtiments physiques du texte du serment de l’Apprenti au Convent des Gaules bien avant les autres Rites.

 

En outre, le Convent de Wilhelmsbad en 1778 introduisit d’autres innovations :

 

• les questions d’Ordre qui préparent le candidat à la cérémonie et les maximes délivrées à l’impétrant lors de ses voyages symboliques ;

• ​la disposition des chandeliers placés au centre de la loge qui adopte le modèle dit écossais ;

• l’ajout d’un protocole formel d’allumage des lumières ;

• l’ajout des prières d’ouverture et de fermeture de la loge.

 

Enfin, deux autres apports eurent un impact sur l’état final des rituels :

 

• la modification en 1785 à la demande de Willermoz du mot de passe de l’Apprenti de « Tubalcain » à « Phaleg » sous l’influence des révélations de l’Agent Inconnu ;

 

• la réécriture en 1788 par Willermoz des 3 premiers grades avec :

  • l’introduction au cours de la cérémonie de réception de « l’épreuve par les éléments » par laquelle Willermoz intégra toutes les significations de la doctrine coën appliquée à la maçonnerie sans y faire explicitement référence. Cette épreuve reprend le schéma cosmogonique proposé par de Martinès qui tisse le monde matériel à l’aide de 3 « principes spiritueux » donnant 3 éléments : le feu, la terre et l’eau.

  • la ré-interprétation du protocole d’allumage de la loge selon ce schéma cosmogonique : ouvrir la loge c’est recréer le monde ;

  • l’introduction des vertus de chaque grade ;

  • le rejet des métaux au grade de Compagnon emprunté au 4ème grade coën de Maître Elu ;

  • la substitution au grade de Maître des trois lumières centrales des deux premiers grades par neuf lumières en lien avec la cosmogonie martinésiste rappelant que chacun des 3 éléments résulte lui-même d’une composition ternaire de 3 essences spiritueuses (soufre, mercure, sel).

 

Sources : Que sais-je ? Le R.E.R de Roger DACHEZ