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Le Rite Ecossais et Rectifié : origines et sources

Le R.E.R est une synthèse de plusieures sources réalisée et mise en forme par Jean-Baptiste Willermoz dans le dernier quart du 18ème siècle. Il en est avec Martinès de Pasqually et Louis-Claude de Saint-Martin un des pères fondateurs. En effet, il convient de conjuguer la lourde théurgie de Martinès de Pasqually à la méticuleuse construction rituelle de Willermoz et à la voie intime de Saint Martin pour comprendre le parcours spirituel qui conduit à rechercher comme le dit l’instruction morale du grade d’apprenti au RER, « cette lumière {qui} est le premier vêtement de l’âme ».

 

Martinès de Pasqually (?-1774) dont la doctrine des Elus Coëns n’a été que très progressivement formulée et encore de façon narrative et allégorique dans le Traité sur la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine. Ce texte raconte une sorte d’histoire parallèle de la Création du monde et de la Chute de l’homme et révèle les conditions de son relèvement possible et les moyens par lequel ce dernier pourra reconquérir sa dignité première.

 

Son dernier secrétaire, Louis Claude de Saint Martin, rédigera et mettra en forme le texte de son maître en y mêlant certainement sa propre pensée, tandis que Willermoz, qui devient à partir de 1768 un interlocuteur privilégié de Martinès, a joué un rôle primordial dans l’élaboration de ses rituels.

 

C’est d’ailleurs chez Willermoz à Lyon que se réunirent les derniers disciples de Martinès après sa mort pour étudier la doctrine de leur maître et c’est Willermoz qui redonnera une seconde vie à cet ordre quasiment défunt dans un cadre purement maçonnique cette fois, celui du R.E.R.

 

 

Louis Claude de Saint Martin dit le Philosophe Inconnu (1743-1803) ne fut officiellement membre du RER que pendant quelques années à peine sans y prendre de part réellement active. Il rencontra Willermoz à Lyon et fut brièvement membre de sa Loge "Elue et Chérie " où étaient reçus et étudiés les cahiers de l’Agent Inconnu. Initié dans l’Ordre des Elus-Coëns, il sera le dernier secrétaire de Martinès avant le départ de celui-ci pour Saint Domingue. Ses oeuvres littéraires ont marqué les cercles illuministes constitués dans la haute aristocratie cosmopolite autour de Catherine II de Russie a tel point qu'on en vint à ne voir le RER qu’à travers le prisme de sa doctrine ce qui fait qu’au 19ème siècle on entendait aussi par martinistes les francs-maçons du RER. Il a néanmoins marqué profondément l’esprit du RER sinon ses formes, ses rituels et son organisation.

 

 

Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) catholique scrupuleux, s’est engagé selon ses dires dans la franc-maçonnerie en 1750. Il fondera la loge de La Parfaite Amitié dès 1753 et aura de nombreuses fonctions maçonniques à Lyon. Très tôt convaincu que les vrais secrets de la maçonnerie résident dans les hauts grades, il s’y adonne sans retenue et on peut penser qu’au milieu de la décennie 1760, il était revêtu de tous les grades et de toutes les dignités que la maçonnerie de son temps pouvait conférer.

 

Il rencontre Martinès de Pasqually qu’il tiendra pour son maître en mai 1767 et sera très rapidement (1768) propulsé au sommet de son ordre. Toutefois, il échouera à obtenir de Martinès de Pasqually les rituels et catéchismes qu’il lui demande pendant 4 ans avant que celui-ci ne parte pour Saint Domingue en 1772.

 

Willermoz prendra contact avec la SOT en décembre 1772 par l’intermédiaire des frères de Strasbourg de la loge de La Candeur. Il devient chevalier en juillet 1774 et est aussitôt promu Chancelier et Gardes  des Archives du Chapitre provincial de Bourgogne. Il fonde une loge bleue La Bienfaisance et est cosignataire en décembre 1778 des Actes du Convent des Gaules tenu à Lyon.

 

Lors de ce convent, il a profondément remanié les rituels en leur donnant des clés ésotériques puisées dans l’enseignement de Martinès de Pasqually tout en récusant la théurgie elle-même, remis en cause la filiation templière pour créer la classe des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte (CBCS) et créé une classe secrète chargée de préserver l’orthodoxie du Régime : les Profès et Grand Profès dont les instructions rédigées par lui, renferment une pure doctrine coën appliquée au symbolisme maçonnique.

 

Willermoz jouera encore un rôle prépondérant lors du Convent Général tenu à Wilhelmsbad en 1782 qui le chargera de rédiger les rituels des quatre grades symboliques (les 3 premiers seront rédigés en 1783, le quatrième en 1809). Cependant, sa réforme bien qu’adoptée par le Convent et appliquée à Strasbourg et à Lyon, principaux lieux de concentration des loges rectifiées, ne sera pas généralement adoptée en Allemagne où la plupart des loges reprirent leur indépendance annonçant ainsi la fin de la SOT vers 1792.

 

 

La Stricte Observance Templière (SOT) a été créee par le Baron von Hund (1722-1776) au plus tard en 1753. Elle distingue la maçonnerie symbolique des premiers grades et l’Intérieur qui comprend un grade d’Ecossais vert et les classes chevaleresques d’Ecuyer, de Novice et de Chevalier. De l’extérieur, l’ensemble forme les « loges réunies et rectifiées » groupées sous l’égide de Directoires Ecossais mais est dirigé par une hiérarchie militaire et chevaleresque dissimulée aux yeux des profanes et des maçons ordinaires. La SOT va dominer la maçonnerie en Allemagne pendant une douzaine d’années et va installer en 1773 le Directoire Ecossais de Bourgogne à Strasbourg puis s’installer à Lyon un an plus tard.

 

 

Le RER est resté en France un système maçonnique relativement confidentiel même au temps de son âge d’or durant la décennie qui a précédé la Révolution française. On ne compte en effet qu’une douzaine de loges bleues ayant réellement fonctionné au 18ème siècle.

 

A la Révolution, suite au refus de la plupart des loges et des chapitres de l’Ordre en Allemagne d’appliquer les réformes de Wilhelmsbad, le régime rectifié ne subsiste principalement qu’en France où il demeure en outre marginal.

 

Deux autres pôles issus de la SOT maintiendront cependant leur activité tout en adoptant leur voie propre : la Suède qui donnera naissance au Système suédois et la Suisse à travers le Grand Prieuré d’Helvétie devenu indépendant en 1779 par lequel le RER reviendra en France au 20ème siècle.

 

 

Source : Que sais-je ? Le R.E.R de Roger DACHEZ

 

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