ALBERIC DE HUMBERT

La renaissance du RER en France en 1910 est du à la volonté de deux maçons français du Grand Orient de France, Edouard de Ribaucourt (1865-1936) et Camille Savoire (1869-1951), qui souhaitaient rompre avec un certain isolement international (suite à la renonciation de l'obligation de croire en Dieu du Grand Orient en 1877), renoncer à l'activisme politique qui caractérisait toute la maçonnerie française de cette époque et jeter les bases d'une élite intellectuelle et humaine au sein des loges (Que sais-je : Le RER par Roger Dachez).

 

Armés CBCS et ayant obtenu du Grand Prieuré Indépendant d'Helvétie la Charte et la lettre-patente leur donnant la légitimité pour le faire, ils réveillèrent la Loge "Le Centre des Amis", dernière Loge rectifiée parisienne en activité en France au 19ème siècle au sein du Grand Orient qui avait été mise en sommeil en 1841.

 

Cependant, le GODF ne pouvant pas tolérer la référence au GADLU, principe fondamental du RER, dans les prières d'ouverture et de clôture, Edouard de Ribaucourt et de nombreux Frères du "Centre des Amis" décident de le quitter en décembre 1913. Ils créent alors une nouvelle obédience : la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Française dont Edouard de Ribaucourt sera le premier Grand Maître. Elle prendra le nom de Grande Loge Nationale Française (GLNF) en 1948.

 

Le RER s'organise au sein de ces deux pôles jusqu'en 1935 mais son développement reste très limité par cette division ainsi que par l'absence de structure habilitée à armer des CBCS. C'est dans ce contexte que Camille Savoire pris la décision de rompre avec le Grand Orient et de créer, en accord avec le Grand Prieuré Indépendant d'Helvétie, un organisme de l'Ordre Intérieur indépendant et propre à la France.

 

Créé le 23 mars 1935 en présence notamment d'Edouard de Ribaucourt, le Grand Directoire des Gaules était à l'origine un organisme inter obédientiel chargé uniquement d'administrer ce Rite. Il fut également créé le 24 octobre 1935 une Grande Loge Rectifiée pour regrouper les loges bleues rectifiées. Elle pratiquait le RER dans son acceptation la plus complète puisque les Loges Bleues comprenaient les 4 degrés symboliques d'Apprenti, de Compagnon, de Maître et de Maître Ecossais de Saint André spécifiques à ce Rite. Outre les Frères de la Grande Loge Rectifiée, elle accueillait les frères de la Grande Loge de France et de la Grande Loge Nationale Indépendante pour la France et les Colonies Française souhaitant pratiquer le RER.

 

La 2de Guerre Mondiale imposa la mise en sommeil du Grand Directoire Des Gaules du 3 septembre 1939 jusqu'à son réveil le 5 décembre 1946 par Camille Savoire qui le déclara en Préfecture de Nanterre sous la dénomination de Grand Prieuré Des Gaules (GPDG).

 

Cependant, le faible nombre de loges en activité rendant la situation du RER extrèmement précaire, la Grande Loge Rectifiée se rattacha en 1958 à la Grande Loge Nationale Française qui absorba ses Loges. Le rôle du GPDG fut dès lors limité à l'administration du Rite à partir du 4ème degré. Des Loges de Saint André furent créées et les Frères du GPDG appartenant à d'autres obédiences durent créer un autre Grand Prieuré. Certains d'entre eux, dont le fils d'Edouard de Ribaucourt, participèrent également à la fondation de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO) presque uniquement dédié au RER et issue en 1958 d'une scission de Loges de la GLNF dont la Loge "Le Centre des Amis".

 

Le GPDG sera pendant 42 ans l'instance des Hauts Grades du Régime Rectifié de la GLNF, n'admettant en son sein que des maçons réguliers, jusqu'à la dénonciation unilatérale en 2000 par la GLNF des accords passés entre ces deux structures en raison de l'ouverture du GPDG vers d'autres rites depuis 1992 avec l'intégration du Rite standard d'Écosse et du Rite Français et de sa revendication d'une maçonnerie fidèle à la sainte religion chrétienne.

 

Le Grand Prieuré Des Gaules est une obédience maçonnique chrétienne et chevaleresque qui a pour fondement la Foi en Dieu. Il se donne pour mission "de permettre à l’Homme par l'initiation maçonnique, grâce à l'intégration de sa doctrine, au travail symbolique et à la pratique quotidienne des vertus, de retrouver sa nature originelle divine par une réalisation personnelle maçonnique, puis chevaleresque, faisant de ceux qui s’engagent dans cette voie, des Chevaliers du Christ au service des hommes pour faire régner la justice". [Déclaration de principes adoptée le 30 avril 2005].

 

Se définissant comme l'Ordre des Francs-Maçons chrétiens et des Chevaliers Maçons chrétiens de France, le GPDG regroupe environ 1.000 frères travaillant dans une cinquantaine de Loges tous rites confondus. Il est dirigé par un Grand Maître national assisté par un Grand Maître adjoint et conseillé par un Conseil national (grand maître adjoint, grand chancelier, grand trésorier, grand aumônier, trois visiteurs nationaux, trois chefs d'ordre représentant les trois rites constitutifs).

 

Après un parcours riche en évènements, à l'image de celui du RER, le GPDG, restée exclusivement masculin, est devenu une obédience maçonnique indépendante qui administre désormais plusieurs Rites tout en restant liée d'amitié avec la plupart des autres obédiences françaises.

 

voir le site : http://www.gpdg.org

 

Sources : gpdg.org, fm-fr.org, Que sais-je : le RER par Roger Dachez